Plus les années passent, et plus Dominique, retraité de l'administration, remercie «monsieur» Max Lejeune, maire d'Abbeville (Somme) de 1947 à 1989. «A cause de lui, on n'a pas eu le TGV, ni d'industries lourdes, on peut même dire que la ville est sinistrée aujourd'hui. Mais on n'a pas eu d'immigration non plus. Et ça, c'est une bonne chose.» Au milieu d'autres têtes blanches, il assiste à la rentrée de la Société d'émulation d'Abbeville, confrérie savante depuis 1797. Une fois de plus, on parle du bombardement de mai 1940, de la Luftwaffe qui avait pulvérisé la splendeur des Abbevillois en quelques heures. Ce fut la dernière invasion étrangère. Depuis, on est entre soi. Et même «si tout ferme» - la filature Saint-Frères, remplacée par un Carrefour Market, la caserne, la Banque de France, la sucrerie, le tribunal en 2009 et «bientôt la sous-préfecture» -, c'est mieux comme ça. «On est au calme. Enfin… pour l'instant.»«Ici, aucun risque de se faire piquer son sac», ajoute Monique, son épouse. Le secret de la tranquillité ? «Il n'y a pas ce qu'il y a ailleurs : les immigrés de deuxième, troisième génération.» Pour preuve, la galerie de portraits des 14 bébés nés entre Noël et le jour de l'an, dans le Journal d'Abbeville, hebdomadaire local. Trois Mathéo, des Louis, Jade, Maxime, Lauren, tous blonds comme leurs parents. Abbeville est un village gaulois. Les bars-tabacs PMU sont tenus par des dames en tablie
Reportage
Abbeville, une cité à Front découvert
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Reportage du 5 au 7 janvier 2011. (Photos Albert Facelly)
par Pascale Nivelle
publié le 9 janvier 2012 à 0h00
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