On ne sait pas encore si François Hollande inclura dans son programme la suppression d'Hadopi, la Haute Autorité chargée de lutter contre le téléchargement illégal. Plusieurs membres de son équipe de campagne se sont déclarés favorables à cette suppression, lui-même, aux dernières nouvelles, s'est contenté de déclarer qu'il faudrait «sûrement revoir» la loi ayant créé cet organisme.
Que dit l'analyse économique sur ce sujet? La grande majorité des spécialistes sont assez sceptiques vis-à-vis de la lutte contre le téléchargement illégal. Tout d'abord, parce qu'il est extrêmement difficile d'évaluer l'ampleur et l'impact de celui-ci. Pour les promoteurs de la répression, tout produit téléchargé illégalement est une vente perdue; mais il est probable qu'une partie non négligeable de ceux-ci n'auraient jamais été achetés de toute façon, ne causant de ce fait aucun préjudice aux artistes et aux distributeurs. Le coût du téléchargement est ainsi lourdement surévalué par les lobbys favorables à sa répression.
Coïncidence ne veut pas dire causalité
Certes, depuis l'avènement des moyens de téléchargement illégal, le chiffre d'affaires de l'industrie musicale a baissé de 40% en dix ans; mais coïncidence ne veut pas dire causalité. Premièrement, les comportements d'achat ont changé, et de nombreux acheteurs se contentent désormais d'acheter sur les plates-formes légales les morceaux qui leur plaisent, au lieu d'albums complets; deuxièmement, l'essor d'Internet crée de nombreux effets de substitution. Les millions de