Sa moustache blonde frise dans le chablis. Il s'appelle Eric, il a la cinquantaine tassée. Le verre sur le zinc, les yeux sur le verre, Eric se plaint du prix de son verre. Et du coût de la vie. «Quatre euros pour ça, ils pourraient au moins le remplir à ras». Eric est originaire de la Bourgogne. Là-bas, le même godet coûte moins que la moitié. «Il vaut mieux boire son coup de l'autre côté. A Paris, la limite, c'est le périph» dit-il.
On est dans un bar du XXe arrondissement, proche de la porte de Montreuil. Midi sonne. Ce samedi matin, le marché bat son plein. A l'étal, les prix ne sont pas à la baisse. La coquille saint-jacques à 14 euros le kilo, le haricot vert à 5,8 euros, la mandarine de corse, 3,2 euros. Eric suggère d'aller s'approvisionner à Rungis, quand on a une famille nombreuse, c'est intéressant pour les prix.
L'année qui s'avance ne va pas arranger les choses, selon lui. Avec la présidentielle, «il va falloir en trouver de l'argent, pour financer leurs campagnes». Eric est formateur dans le bâtiment. Aujourd'hui, il ne bosse pas. Alors, il profite. Les ouvriers qu'il encadre touchent le Smic. Le soir, il en connaît certains qui ne rentrent même pas chez eux, vu qu'ils n'ont pas de chez eux. Ça le désole, Eric.
«Moi, à 20 ans, j'avais déjà 60 fiches de paie»
Il en a presque le vin triste en évoquant