Prudence est mère de toutes les vertus, surtout en année présidentielle. Au Parti socialiste, le traditionnel (et normalement relativement anodin) exercice des cartes de vœux vire au casse-tête. Les députés sont priés de se souhaiter une victoire en 2012 in petto et de ruser dans leur missive de nouvelle année pour ne pas se faire attraper par la patrouille. Eviter l'infraction au code électoral qui pourrait déboucher sur des recours en invalidation de leur élection aux législatives.
Chaque mot est donc soupesé avant d'être imprimé, la carte de vœux ne devant intégrer aucun appel partisan. Un avocat spécialiste en affaires électorales a même conseillé à la député d'Indre-et-Loire Marisol Touraine de ne pas souhaiter à ses administrés une «année de solidarité», qui sonne trop comme une valeur de gauche. Il y a ceux qui se contentent d'une photo de leur ville, généralement enluminée, et les autres qui rivalisent d'allusions. Les parlementaires souhaitent «tourner la page» mais nulle part on ne trouve mention des scrutins à venir.
Sous la photo d'un magnifique poulet à crête, le député du Gers, Philippe Martin, recommande «une année de plein air». De campagne? Un avis de grand vent pour virer la droite? Calquant le slogan sur celui de François Hollande «le changement, c'est maintenant», Martine Aubry refile subtilement le bébé électoral sans prendre parti: «Le changement est à vous», peut-on lire sur la carte de la première secrétaire