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Libération
CHRONIQUE ENTRE LES LIGNES

La campagne de la peur

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Pendant toute la campagne présidentielle, Antoine Guiral décrypte le dessous des cartes politiques.
Bernard Accoyer en 2010. (Photo Sébastien Calvet)
publié le 12 janvier 2012 à 13h02

La gauche n'est pas légitime pour diriger le pays. Cette antienne de la droite française a donc été remise au goût du jour par le quatrième personnage de l'Etat, Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale. En déclarant mercredi lors de ses vœux qu'une victoire de l'opposition en 2012 aurait «des conséquences économiques et sociales qui pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre», il a cherché à frapper les esprits.

Homme expérimenté et plutôt madré, Bernard Accoyer maîtrise parfaitement les codes politico-médiatiques. Sa sortie n'a rien d'une gaffe, pas plus que ses paroles n'ont été déformées, comme il a tenté de l'expliquer après avoir suscité un tollé. Elles font au contraire appel à la mémoire collective et à l'histoire. Le Front populaire de 1936, les «socialo-communistes» de 1981 sont dans l'imaginaire du peuple de droite les fossoyeurs de la France. Lorsque la menace de l'alternance se rapproche et qu'il faut resserrer les rangs pour que la gauche ne s'empare du pouvoir «par effraction», la droite n'hésite jamais à jouer du registre de la peur pour mieux se poser en protectrice du pays.

En pleine réédition des grands classiques, l'UMP a également ressorti le thème de «l'anti-France». François Hollande est ainsi taxé de vouloir détruire les signes identitaires du pays. Oser simplement proposer de débattre d'une éventuelle réforme du quotient familial lui a valu une réplique au canon. Tremblez familles de Fr