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Libération
CHRONIQUE «APHORISMES»

«Prends les armes, Bayrou»

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Chaque vendredi, Edouard Launet analyse un aphorisme politique. Aujourd'hui, le candidat du Modem cause révolutionnaire.
publié le 12 janvier 2012 à 16h13

Aphorisme, subs. masc. Proposition résumant à l'aide de mots peu nombreux, mais significatifs et faciles à mémoriser, l'essentiel d'une théorie, d'une doctrine, d'une question scientifique.

«Les mauvais jours finiront». Acte de foi de François Bayrou, lancé lors de ses vœux à la presse, début janvier. Cette phrase est également l'incipit de son dernier livre, 2012 Etat d'urgence. «Les mauvais jours finiront, écrit-il. La France va s'en sortir.» Comme Bayrou a de grandes et belles oreilles, et aussi un peu de culture, il ne lui a pas échappé que son slogan est un appel à l'émeute. Il est tiré du refrain de la Semaine sanglante, chanson révolutionnaire écrite en 1871 par Jean-Baptiste Clément qui annonce: «Oui, mais... Ça branle dans le manche/ Les mauvais jours finiront/ Et gare à la revanche/ Quand tous les pauvres s'y mettront!»

On n'avait pas prévu que Bayrou tenterait de doubler Mélenchon sur sa gauche. On aurait dû. Avec cet homme-là, tout est possible. Le centriste le plus maniaco-dépressif de la planète passe son temps à remplir des cabines téléphoniques de sympathisants mollassons, ou du moins à tenter de le faire. Et puis soudain, tous les cinq ans environ, il décroche le téléphone et appelle Auguste Blanqui.

«Gugusse, lui dit-il, je crois que je vais y aller. La France m'attend. Mon destin m'appelle. Ce n'est plus possible, ce bordel avec le nabot. On traque, on en