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Libération

La vie politique via 50 portraits

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publié le 14 janvier 2012 à 0h00

Alain Duhamel, c'est l'anti-Franz-Olivier Giesbert : quand l'un note dans ses petits carnets chacune des confidences de ses interlocuteurs et savoure déjà avec gourmandise le tumulte qu'il provoquera en publiant des propos tenus imprudemment off the record, l'autre tisse patiemment des liens discrets, avec une jubilation bien à lui et des règles de bienséance fixées une fois pour toutes.

Dans son dernier ouvrage, une galerie d'une cinquantaine de Portraits souvenirs, Duhamel ne cache pas qu'il déjeune, dîne, joue au tennis, échange des livres et passe lui aussi une bonne partie de sa vie en compagnie de ses «modèles», toutes tendances (ou presque) confondues. Mais en portraitiste, il procède par fines retouches, repère l'éclosion des caractères, évalue les talents avec l'œil acéré du prof, s'amuse des rivalités, des faiblesses et des revers de fortune de tel ou tel.

Duhamel travaille sur la durée et sur l’ombre plus que sur la lumière. Dans une vie où chaque instant semble réglé montre en main, il accumule les pièces, n’oublie rien et prépare déjà avec minutie la prochaine passe d’armes qu’il aura avec l’un d’eux à la télévision sous l’œil de millions de Français. A la manière d’un grand oral. Et tout cela dure depuis cinquante ans.

A tel point - on le lui a souvent violemment reproché - que ce journaliste indéboulonnable participe d'une représentation de la politique, qu'en homme de la caste, il a fini par faire système. Duhamel ne daigne d'ailleurs pas prête