Trop tard pour le coucher de soleil. De toutes façons, cela aurait fait trop carte postale et ça, l'équipe de campagne n'en veut pas en pleine déroute du triple A. Il fait déjà nuit noire à Fort-de-France quand François Hollande surgit d'une berline sombre sur le Malecon, la jetée de la ville, où quelques poignées de familles prennent un bol d'air. Après 36 heures de réunions et de meetings, de salle fermée en salle fermée, le candidat socialiste, toujours impeccable dans son costume-cravate, est à la recherche de mains à serrer, d'électeurs à convaincre mais tombe sur une grappe de caméras et d'élus de gauche.
«Une campagne ce n'est pas que des promesses et des embrassades, ce sont des engagements qui doivent être tenus et une population qui doit être respectée», explique doctement Hollande avant d'aller à la rencontre des Martiniquais. Peu de gens ont fait le détour un dimanche soir. Qu'importe, le candidat et sa suite tournent autour d'un petit kiosque illuminé. Un couple attend depuis une heure pour faire photographier son nouveau né joufflu avec le candidat, ravi d'approcher «le futur président de la République».
On demande à Hollande s'il connaît trois mots de créole, il se lance: «Kimbe red, pa moli». («Bon courage, tenez bon!»). Le dialogue s'engage enfin. Une dame trouve qu'il ne reste pas assez longtemps aux Antilles: «vous ne pouvez pas en profiter». «Je ne suis pas là pour profiter mais pour que le pays profite de