Un cri, sur le marché de Périgueux. «M. de Villepin, vous êtes de droite, rassurez-nous !» Mais la silhouette de héron s'éloigne déjà à grands pas, lâchant dans son sillage: «Je suis de tous les partis !» Trop court pour emporter le vote de la marchande de fleurs. Dominique de Villepin est certes «très beau» dans sa veste matelassée, mais elle ne sait où le planter dans la campagne. «Au centre», résume un sherpa local de République solidaire, qui fait la voiture-balai. Dans les «réunions Tupperware à l'ancienne» qu'ils disent organiser en Dordogne, les villepinistes ont convenu de ce raccourci. Las, quelques minutes plus tard, voilà leur héros qui déclare : «Le centre, c'est le compromis moyen. Et moi, je suis tout sauf moyen.» L'argumentaire est donc à revoir.
Crédité de 3% dans les sondages, Dominique de Villepin entame sa campagne au pas de charge, encore pénétré de son dernier livre sur Napoléon, «aussi grand dans la chute que dans la gloire». Habité par une foi de fer en son destin de «grand serviteur de l'Etat», il avance en «recours de la France humiliée», volant au secours de «l'union nationale», et ignorant les fâcheux qui le prennent «pour un extraterrestre». Gaullien dans la tête et chiraquien dans les jambes. Comme Jacques Chirac, il «se tape» des affaires pendantes (le feuilleton Karachi, les Relais & Châteaux). Et il embrasse, accole, rigole, mange, boit :