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Libération
CHRONIQUE-FICTION

Le jour où... Xavier Niel coulera tous les politiques

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Tous les mardis pendant la campagne électorale, Luc Le Vaillant réinvente la politique dans une chronique d'anticipation.
publié le 17 janvier 2012 à 16h02

On est le 10 janvier 2015. L'ancre vient s'encastrer dans l'écubier et le yacht de croisière, festonné aux couleurs de son récent armateur, l'opérateur Free, met en avant lente pour s'éloigner du château d'If.

Acoudés au bastingage, le ban et l'arrière-ban de la classe politique française, du net-bizness et de l'intelligentsia anti-Hadopi admirent le bleu d'un ciel d'hiver dégagé par le mistral, tout en frissonnant allègrement. Mais il ne viendrait à l'idée d'aucun des invités de battre en retraite vers le carré où est prévu le buffet dînatoire.

Sanglé dans un veste de smoking dont les pans battent son jean déchiré, Xavier Niel contemple l'ancienne prison d'où s'est évadé Monte-Cristo.

Planté à la proue du vaisseau, façon Di Caprio titanesque, il prend l'air inspiré des revenus de tout et rajuste ses lunettes de survivant à toutes les opprobres.

Et puis il claque dans les mains et, en gentils toutous, tous lui emboîtent le pas pour enfin aller faire ripaille.

Niel est devenu l'unique héros d'un pays outragé, le seul self-made-man vorace d'une nation d'héritiers ignares, le conquistadore technoïde adulé par une peuplade mutante, celle des geeks radins et uniquement attachés à la satisfaction de leurs pulsions scopiques.

Son business est flamboyant. En trois ans, il a mis à genoux les trois autres opérateurs français et se propulse désormais sur la scène mondiale. Semblant prendre le parti du cochon de payant contre les salauds d'oligarques, il a réussi le