Historien, directeur de recherche au CNRS, Patrick Weil est aussi l’animateur du Club du 6 mai, à l’initiative de ce volume collectif de 80 propositions pour temps de crise.
«Si la gauche revient au pouvoir en mai 2012, elle trouvera les caisses de la France vides», ce constat, par lequel s’ouvre votre livre, sonne comme une implacable contrainte, non ?
C'est une donnée mais elle ne doit surtout pas paralyser l'esprit. Il ne s'agit pas de nier la contrainte, mais de faire en sorte que la campagne ne s'organise pas uniquement autour. Sinon cela préjugera très mal de la suite, lorsqu'il s'agira de composer un gouvernement de 25 ministres qui ne seront, heureusement, pas tous chargés des Finances ! Ces ministres auront des politiques publiques à mettre en œuvre. La crise économique est considérable et ses conséquences budgétaires lourdes. Cela pèse sur la campagne, mais il est urgent de redonner des perspectives au pays, indépendamment de ce qui peut se passer au plan financier. Avec 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards, nous montrons qu'il est possible d'entreprendre de nombreuses réformes en impliquant les citoyens et sans dépenser plus.
La gauche semble souvent plus soucieuse de donner des gages de bonne gestion que d’affirmer son imagination politique. Comment l’expliquer ?
C’est toujours l’image que la droite essaye de coller à la gauche. Cela dit, il arrive aussi que la gauche se piège toute seule avec ce discours, au lieu de contre-attaquer. C’est, par exemple, ce qui s’est passé avec la réforme de la TVA sur la restauration, dont le seul objectif était la satisfaction d’une clientèle électorale de Nicolas Sarkozy. La gauche n’a pas osé souligner qu’il était stupide de se priver d’une taxation largement alimentée par les 80 millions d’étrangers qui viennent en France ch