Pot-au-feu: «Désigne un potage connu au XIIe siècle sous l'appellation de pot-a-fu, composé de boeuf bouilli longuement, et à tout petit feu, avec des légumes (carottes, navets, poireaux, céleri, etc.), des aromates (ail, girofle, thym, laurier), auxquels on ajoute parfois des abatis de volaille et un os à moelle, et servi avec le bouillon de cuisson», nous dit l'excellent dictionnaire Mots de table, mots de bouche de Claudine Brécourt-Villars (1).
Par extension et pour cause d'actualité, nous serions tentés de suggérer cette autre définition: pot-au-feu, spécialité statistique du ministère de l'Intérieur longuement mijotée dans les commissariats et les brigades de la gendarmerie pour être servie en début d'année par le ministre lui-même à une tablée de convives-journalistes.
Aussi connu sous le titre «Bilan de la délinquance» ou «Evolution de la délinquance générale» pour l'année écoulée, ce pot-au-feu très politique comptabilise pêle-mêle les poireaux, les carottes et les navets que sont des ingrédients de la délinquance aussi variés que les vols de sacs à main, les meurtres, les cambriolages, les viols, les joints fumés, les infractions à la législation sur les étrangers, les escroqueries...
Le résultat final de ce plat dépend pour beaucoup du savoir-faire, des goûts des tauliers et des instructions qui leur sont données par la haute hiérarchie. Quelques plaintes ou mains courantes en plus, quelques shiteux sur lesquels on ferme