Durant la deuxième cohabitation, donc pendant le gouvernement Balladur (1993-1995), François Mitterrand m'avait lancé dans une formule trop belle pour ne pas avoir été soigneusement préparée : «Un bègue aussi éloquent, un centriste aussi ferme, un catholique aussi laïque, François Bayrou sera un jour un redoutable candidat à l'élection présidentielle.» En l'occurrence, c'était bien vu. François Bayrou, devenu la principale figure du centrisme, se présente cette année pour la troisième fois à l'élection présidentielle.
En 2002, il avait obtenu 7% des voix seulement mais en 2007, il avait créé la surprise en rassemblant 18,5% des suffrages. Cette fois-ci, il demeure le principal mystère de la compétition pour le palais de l’Elysée.
L’originalité de la campagne actuelle est en effet qu’il s’agit pour la première fois d’un match à quatre et non pas à trois comme toujours de 1965 à 2007. Certes, Jean-Luc Mélenchon avec sa verve iconoclaste et sa fureur protestataire reste capable de faire un bon score en attirant l’essentiel des voix de la gauche radicale. Les circonstances sociales s’y prêtent et son talent politique y contribue. Reste qu’à trois mois du premier tour, la partie se joue avant tout au sein d’un quatuor encore très instable : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et François Bayrou. Malgré son lent et prévisible effritement, François Hollande reste nettement favori. Nicolas Sarkozy subit le contrecoup de la perte du triple A imprudemment totémisé