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Libération
EDITORIAL

Petits pois

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publié le 19 janvier 2012 à 0h00
(mis à jour le 19 janvier 2012 à 7h54)

Dans cette détestable tradition française qui veut que toujours de crapoteuses affaires judiciaires surgissent lors des grandes consultations démocratiques, les apparences sont parfois trompeuses. Il en va ainsi de ces deux incontestables vérités, brandies par les amis du Président : la justice fait son travail sans que rien ni personne ne semble pouvoir, au final, l'arrêter ; et aucune preuve ne met aujourd'hui personnellement en cause le chef de l'Etat dans les dossiers de corruption ou de financement politique en cours d'instruction. Ces deux vérités-là en cachent d'autres, toutes aussi incontestables : le candidat Sarkozy, héraut de la République «irréprochable» en 2007, a vu en quelques mois une demi-douzaine de ses plus proches mis en cause. Amis, conseillers, grands flics ou même procureur : les uns sont soupçonnés de complicité, les autres d'entraves grossières au travail de la justice, voire d'espionnage de journalistes gêneurs. «Mis en examen» ou «témoins assistés», ces hommes sont au cœur du système Sarkozy. Aveuglé par une aversion aussi tenace qu'irrationnelle envers les magistrats - un temps qualifiés de «petits pois» -, le Président a oublié que depuis les années 80, les juges ont pris leur Bastille, le code pénal à la main. Trop longtemps prisonniers d'un rapport de subordination totale avec le politique, ils se sont émancipés et n'ont que faire du calendrier électoral. Cette inévitable confrontation n'a pas encore livré tous ses secrets. Ma