Les relations entre ce juge à l’image d’incorruptible et le président de la République font désormais parti de la légende : depuis plus de dix ans, ces deux-là ne s’aiment pas. Ça tombe mal : c’est aujourd’hui Renaud Van Ruymbeke qui instruit le volet financier de l’affaire Karachi qui mouille un à un des proches du président.
«Aversion». L'anecdote est désormais connue (1) : lors d'un dîner, en 1999, à l'Ecole nationale de la magistrature où le juge et le politique sont invités, Nicolas Sarkozy tente comme à son habitude de séduire son interlocuteur. Il parle football. «J'aimais le football avant qu'il n'y ait toutes ces histoires d'argent qui ont fini par tout pourrir», répond sèchement Van Ruymbeke. Le futur président écrira dans son livre Libre : «Une telle aversion pour les histoires d'argent est singulière pour un homme qui est candidat à un poste de premier juge d'instruction au pôle financier à Paris, où les histoires d'argent se trouvent justement être le quotidien.»
C'est Van Ruymbeke qui instruira au début des années 2000 l'affaire des frégates de Taïwan et son pendant, l'affaire Clearstream. Lui qui décidera, en 2004, d'entendre hors PV celui qu'on surnomme «le Corbeau», Jean-Louis Gergorin, qui livre au juge des listings accusant notamment Nicolas Sarkozy et qui s'avéreront falsifiés. L'enquête de Van Ruymbeke le prouvera assez vite. Mais dans la bouche de Nicolas Sarkozy cela donne : l'affaire Clearstream, «c'est l'