A Rennes, indifférence et perplexité
A Rennes, la dégradation de la note de la France par Standard&Poor's a été accueillie avec une relative indifférence. Et la conviction largement partagée que ce n'est qu'un épiphénomène et que tout se joue ailleurs. Sur le petit marché hebdomadaire de la place Sainte-Anne, au cœur de la ville, où s'allignent étals de légumes et de produits laitiers, René, 72 ans, n'a pas été surpris. Et pour cause, il connaît bien les agences de notation pour avoir été lui-même «notateur» à la banque de France pour les entreprises avant de prendre sa retraite. Il se veut toutefois rassurant. «La perte du triple A ne va avoir aucune incidence, estime t-il, car elle avait déjà été anticipée depuis longtemps. C'est l'aboutissement d'une évolution lente qui remonte à plusieurs années, avec une fuite en avant des gouvernements successifs malgré tous les avertissements qui leurs ont été faits. Je pense que les médias ont aussi une responsabilité. En en rajoutant à tout bout de champ sur la crise, ils sèment l'inquiétude.»
Un sac rempli de pommes à la main, Jean-François, 38 ans, s'interroge sur l'importance «complètement démente» accordée à cette affaire de triple A. «Il y a un an, personne ne savait ce que c'était», remarque cet ancien cadre industriel reconverti dans l'éco-habitat qui votera sans hésiter Mélenchon en avril prochain. Pour lui, la décision de Standard&Poor's, qui va à ses yeux d'abord «profiter aux banques», ne sera toutefois pas sans co