La dégradation par Standard & Poor's de la dette publique française, avec d'autres pays européens, aura eu finalement un effet concret: remettre les agences de notation sur le devant de l'actualité. Dans son discours d'hier, François Hollande s'est déclaré favorable à la création d'une agence de notation européenne, un projet partagé entre autres par le commissaire européen au marché intérieur, Michel Barnier. L'intention est transparente : la dégradation est perçue comme une agression vis-à-vis de laquelle il faut se défendre, part d'une agression plus générale des marchés financiers contre la zone euro.
Est-ce bien nécessaire ? En réalité, les notes accordées par les agences de notation sur les dettes souveraines n'ont pas un grand impact sur les conditions de crédit rencontrées par les gouvernements, comme on a pu le vérifier cette semaine: les taux d'emprunt des gouvernements européens n'ont pas monté, mais plutôt baissé. Ce n'est pas nouveau: les Etats-Unis et le Japon n'ont pas non plus été particulièrement pénalisés par la dégradation de leur dette souveraine.
Il y a plusieurs raisons à cela. Mais la principale, rappelée par Rogoff et Reinhart dans leur ouvrage Cette fois, c'est différent, Huit Siècles de folie financière est la suivante: il est impossible, en pratique, d'évaluer rigoureusement la solvabilité d