Au Bourget, premier grand meeting de sa campagne, on l'attendait au tournant présidentiel. Pour passer cette épreuve de vérité, François Hollande a fini par livrer son «secret» : «J'aime les gens, quand d'autres sont fascinés par l'argent.»
Pendant une heure et vingt-cinq minutes, le ton est donné. Un discours très à gauche - mais une gauche réaliste et productiviste -, avec un seul ennemi. «Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne, lance le candidat socialiste à l'Elysée devant près de 20 000 militants et sympathisants galvanisés. Cet adversaire, c'est le monde de la finance.» Et ses affidés, ceux qui «s'enrichissent en dormant et pas en travaillant», qu'il cogne et s'apprête à taxer sans ménagement.
«Je serai le président de la fin des privilèges», promet le député de Corrèze, qui ne cite pas une seule fois le nom de Nicolas Sarkozy. Mais son autoportrait en président de la République est un réquisitoire implacable contre celui qu'il nomme d'ordinaire «le candidat sortant». Quand on s'appelle François Hollande et qu'on se prépare depuis trente ans - «un bail !» reconnaît-il - à «présider la République», la fonction suprême c'est «se montrer digne partout dans tous les actes qu'exige la fonction présidentielle»,«faire respecter les lois pour tous sans faveur pour les proches»,«ne