Najat Vallaud-Belkacem a tout du symbole parfait de la méritocratie républicaine. Mais elle ne veut pas de ce rôle. Arrivée en France à 4 ans, élevée par l'école, les livres, la politique, elle est, à 34 ans, porte-parole de François Hollande, après avoir été celle de Ségolène Royal. Depuis ses débuts en politique, elle cherche à échapper au rappel de ses origines. Mais les racines sont intéressantes pour ce que l'on en fait, le chemin que l'on parcourt. La famille Belkacem venait du Rif marocain. Deux grands-mères espagnole et algérienne mariées à des paysans. Et puis son père, ouvrier immigré, est venu la chercher avec sa mère et sa grande sœur pour un regroupement familial à Abbeville puis Amiens. Dans un quartier «sans grande mixité, précise-t-elle, pour que l'on n'oublie pas les problèmes de projection que cela pose pour devenir autre chose qu'une ouvrière ou une mère au foyer».
L'école a été le lieu d'épanouissement. A la maison, l'éducation était stricte. «Heureusement, dit-elle, chez nous l'aînée était une fille, c'est très important. Une fille brillante et préoccupée par ce que devenaient ses frères et sœurs, pas seulement par sa propre réussite.» Un modèle et une rivale avec qui elle échangeait beaucoup de romans, l'autre source d'évasion. Elle a beaucoup pleuré sur Mon bel oranger, de José Mauro de Vasconcelos. L'histoire du petit garçon d'une famille miséreuse, très doué à l'école, qui ne se confie qu'à son plant d'oranger et voudrait se