On s’est toujours beaucoup trompé à propos de François Hollande. Ses propres camarades l’ont sans cesse sous-estimé, Nicolas Sarkozy tombe aujourd’hui dans le même piège. Les ténors socialistes le croyaient incapable d’atteindre la stature d’un présidentiable, le chef de l’Etat a longtemps cru que l’ex-premier secrétaire du Parti socialiste s’affaisserait inéluctablement au cours de la campagne. Laurent Fabius, Martine Aubry et même Ségolène Royal (qui pourtant le connaissait mieux que personne) ont rivalisé de formules plus dédaigneuses les unes que les autres. La droite s’est évidemment emparée de cette litanie des dénigrements. Symétriquement, Nicolas Sarkozy reconnaissait la vivacité, l’agilité, le don de sympathie de son adversaire mais se persuadait qu’il n’aurait jamais l’envergure nécessaire. Tous se trompaient lourdement, comme on le constate aujourd’hui.
Les raisons de cette myopie générale (qui n'épargnait pas la presse) sont bien connues et assez sottes. Parce que François Hollande a de l'humour et, comme il l'a dit dimanche, qu'il «aime les gens», parce qu'il aime plaisanter facilement et va au-devant des autres, son profil ne semblait pas assez régalien, assez altier. La culture politique française véhicule des préjugés post-monarchiques. La distance, le secret, la hauteur, l'imperium passent pour les attributs nécessaires de tout présidentiable. La victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 aurait pourtant dû leur faire comprendre que les temps changeaient, q