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Analyse

Hollande, social-démocrate assumé

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En présentant hier un programme présidentiel orienté à gauche sans nier la crise, le candidat du PS semble creuser une voie politique quasi inédite en France.
François Hollande après son discours au Bourget le 22 janvier 2012 (Photo Sébastien Calvet)
publié le 27 janvier 2012 à 0h00

Avec prudence et réalisme, mais à gauche. Après dix ans de droite, dont cinq sous la férule de Nicolas Sarkozy, François Hollande propose aux électeurs, dans son programme détaillé hier, un vrai tournant politique. Hausse des prélèvements obligatoires, restauration des services publics, place plus importante accordée aux partenaires sociaux, pilotage de la politique industrielle, le tout dans un cadre contraint d’équilibre budgétaire : le candidat socialiste réussit à viser entre les mailles de la crise, et à dégainer un projet «progressiste». Après le socialisme rose foncé du début des années 80 suivi de sa dérive sociale-libérale, puis l’étrange «quinquennat» jospinien du tournant des années 2000 - qui avait tout à la fois imposé les 35 heures, privatisé en masse et baissé l’impôt sur le revenu -, François Hollande se met, pour la première fois peut-être en France, dans les pas de la social-démocratie. Ceux de Pierre Mendès-France et de Jacques Delors, qui n’avaient pas eu le temps (pour le premier) ou de volonté politique (pour le second), de l’expérimenter.

«Courage». Là où François Mitterrand faisait rêver en 1981 avec ses «110 propositions» aux Français, quitte à en abandonner au fil des aléas politiques et économiques, François Hollande prend«60 engagements pour la France». La nuance n'est pas que sémantique, mais bien politique. «Je ne promets que ce que je suis capable de tenir, pas moins, pas plus. Tout ce qui est dit ici sera