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Billet

Juppé, grand fauve désabusé

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Alain Juppé au Quai d'Orsay le 21 janvier. (Photo: Charles Platiau. Reuters)
publié le 27 janvier 2012 à 13h04

Dans un mélange d'admiration et de volonté de le rabaisser, Nicolas Sarkozy a longtemps moqué «le grand Alain Juppé». C'est pourtant lui que le Président a envoyé au charbon jeudi soir face à François Hollande. Juppé a contribué de manière décisive à la victoire de Jacques Chirac en 1995, puis en 2002. Alors, quand les vents sont mauvais, c'est comme un réflexe, on se tourne vers ce grand fauve expérimenté de la droite française...

Le chef de l'Etat doit s'en mordre les doigts. Passée une entrée en matière qui laissait augurer que son ministre des Affaires étrangères n'avait rien perdu de sa superbe, il s'est très vite éteint, faisant preuve d'un manque de combativité relevant quasiment de la «faute professionnelle». Hollande a pourtant eu la courtoisie de ne pas l'attaquer sur la personnalité du président de la République ou sur le bouclier fiscal considéré comme une «erreur» par le maire de Bordeaux.

Juppé n'a jamais été convaincu par le sarkozysme. Homme d'Etat et serviteur de la France, il est certes là où il est par goût du pouvoir mais aussi pour permettre au pays «de tenir son rang» (à travers lui, bien sûr...) sur la scène internationale. En août 2010, pressé par Sarkozy d'entrer au gouvernement mais ne croyant déjà guère dans les chances de ce dernier d'être réélu, l'ancien Premier ministre de Chirac lui avait lancé: «Ai-je intérêt à monter sur le Titanic?»

Cette question, Alain Juppé a donné le sentiment face à Hollande de