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TRIBUNE

Il n’est plus temps de réécrire les traités, réinventons une éthique démocratique européenne

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publié le 31 janvier 2012 à 0h00

Les citoyens ont le sentiment que les institutions européennes sont plus préoccupées par leurs moyens que par leurs fins. De là, un malaise grandissant et un sentiment de vide démocratique qui favorise l’émergence de divers mouvements de droite populiste ou d’extrême droite, en France, en Italie, en Autriche ou ailleurs… Soyons simples : l’Europe sert à coordonner l’action des différents Etats qui la constituent. Pourtant, depuis les années 1980, cette coordination s’est résumée le plus souvent à une intégration négative dont l’autre nom est la déréglementation. L’Acte unique de 1985 a inoculé à l’Europe ce poison lent qu’est l’extension infinie du marché. Or on ne peut faire du marché le déterminant, en dernier ressort, de nos vies, comme la règle de «la concurrence libre et non faussée» y contraint. A ce jeu-là, c’est la finance qui l’emporte.

La «perte de pouvoir d'achat du bulletin de vote» (comme le dit Jurgen Habermas) et le malaise économique et social sont les deux causes de la défiance des citoyens envers le projet européen. Il faut dire la vérité aux Européens et aux Français : on ne peut éternellement promettre pour demain «l'Europe sociale», «l'Europe puissance» ou «l'Europe démocratique». C'est ici et maintenant qu'il faut agir. Pis, l'idée que le projet européen serait «punitif» comme le laisse penser la nomination de «gouvernements techniques» est un poison fatal pour celui-ci comme il l'est pour chaque démocratie. Il faut donc renforcer la cohésion de