C'est la pirouette finale. Le grand écart ultime qui vient clore un quinquennat de revirements successifs : cinq ans après le «travailler plus pour gagner plus», principal slogan de campagne du candidat Sarkozy en 2007, le chef de l'Etat a défendu, dimanche soir, son exact contraire : le «travailler moins… pour gagner moins». Sous le pudique vocable d'«accord de compétitivité», et sous prétexte d'aider une entreprise à franchir une mauvaise passe, le dispositif permettra à l'employeur d'imposer, au choix, une baisse de salaire - accompagnée ou non d'une baisse du temps de travail - ou une hausse du temps de travail sans hausse de rémunération. Il faudra bien un accord d'entreprise, mais une fois signé, celui-ci s'imposera à tous les salariés, sans que ceux-ci aient à l'accepter individuellement, comme c'est le cas aujourd'hui. Cruel virage à 180 degrés, même si le projet de loi ne devrait pas être adopté avant la présidentielle, comme l'a avoué hier François Fillon, en raison du délai de deux mois accordé aux partenaires sociaux pour négocier sur le sujet. Etrange tournant, qui signe, au passage, la mort du «président du pouvoir d'achat» (lire page ci-contre).
Contre-vérités. Certes, l'une des pires crises économiques est passée par là. Il n'empêche : au plus fort de celle-ci, jamais le gouvernement n'a considéré les heures supplémentaires défiscalisées, outil du «travailler plus», comme un frein à la relance du marché du travail. A