Eurodéputé Europe Ecologie-les Verts et ex-directeur des campagnes de Greenpeace, Yannick Jadot réagit aux conclusions du rapport de la Cour de comptes.
Saluez-vous, à l’instar de François Fillon, un «exercice de transparence» ?
C'est effectivement un premier exercice de transparence. Mais il en appelle d'autres. Après quarante ans de nucléaire civil, on n'arrive toujours pas à évaluer le coût des déchets et du démantèlement. Sur le fond, c'est un rapport extrêmement important. Car après l'effondrement du mythe du nucléaire «zéro risque» avec Fukushima, l'effondrement du mythe de l'excellence technologique avec les problèmes rencontrés par l'EPR en Finlande et à Flamanville [Manche, ndlr], l'effondrement du mythe social au regard des 400 000 emplois créés par les énergies renouvelables en Allemagne, on a là, en 400 pages, l'effondrement du mythe du nucléaire pas cher.
La Cour évoque pourtant une «appréhension correcte des coûts, passés et actuels de la filière»…
Le rapport estime le coût du kWh entre 50 et 58 centimes si on intègre la recherche. C’est beaucoup plus cher que le prix facturé par EDF. Le prix de l’électricité en France est moins cher qu’en Europe, parce qu’il est fixé par l’Etat. Le rapport confirme que ce prix ne couvre pas les coûts réels du nucléaire. En outre, si, comme le souhaitent EDF et le gouvernement, on renouvelle le parc nucléaire avec des réacteurs du type EPR, les magistrats estiment que cela va presque doubler le prix de l’électricité en France. La cour estime en effet jusqu’à 90 centimes le prix du kWh produit par les EPR, un coût supérieur à l’électricité éolienne aujourd’hui et solaire d’ici cinq ans.
Le rapport relève aussi des «incertitudes sur les coûts futurs». Quelles sont-elles ?
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