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Libération

Les salariés du hard-discount encaissent

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Dans un magasin du Val-d’Oise, la responsable et les employés, dont certains cumulent plusieurs emplois, se sentent trahis.
publié le 6 février 2012 à 0h00

Nathalie et Sena font une pause de quelques minutes, en profitant du soleil hivernal. Ils parlent du passage de François Fillon à la télévision, la veille. «Ils nous prennent pour des ânes», lance Nathalie. A 47 ans, elle est responsable d'un magasin de hard-discount situé dans le Val-d'Oise et gagne 1 470 euros par mois, «au bout de vingt ans de boîte». Elle a commencé à travailler à 16 ans. Sena, son adjoint, touche 1 300. «On discute beaucoup politique ici», remarque-t-elle. Souvent en disant «ils».«"Ils" dépensent le fric à gogo, "ils" parlent de la crise, mais c'est nous, les petits, qui payons.»

Dans le magasin qui propose des produits à bas prix, les clients regardent attentivement les étiquettes. Parfois, ils essayent de négocier, comptent au centime près, et font les courses en traquant les promotions. Avec la crise, les chariots sont moins remplis. Le panier moyen stagne à 13 euros. C'est aussi ça, les années Sarkozy. En 2007, Nathalie et Sena l'ont porté au pouvoir. Celui qui se posait en «président du pouvoir d'achat» a su leur parler, il était leur candidat. «La France qui se lève tôt», c'est eux. Aujourd'hui, ils se sentent trahis. «On est déçus, Sarkozy nous a menti.» Ici, plus personne ne l'appelle «Sarko», comme si cette familiarité était devenue compromettante.

Nathalie est à la CFDT : elle a connu trop de chefs qui «s'en foutaient des galères des autres», alors elle essaye d'hum