Ils sont ouvriers, employés, intérimaires. Tous travailleurs, souvent précaires. Ils composent cette «classe populaire» martyrisée par la crise et courtisée par le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon comme par l’extrême droite de Marine Le Pen. Mais, signe des temps, ces populations «invisibles» sont également au cœur des programmes de François Hollande et François Bayrou en attendant celui de Nicolas Sarkozy.
Durant plusieurs jours, Libération est allé à leur rencontre. Sur le site industriel de Sochaux-Montbéliard (Doubs), comme dans les coulisses d'un magasin hard discount du Val-d'Oise, nous les avons écoutés. Racontant la réalité du quotidien, ils nous ont confié leurs rejets comme leurs attentes de la politique et des candidats à la présidentielle. Rencontre avec une France qui se lève toujours très tôt mais qui semble avoir rompu avec Nicolas Sarkozy.
«Chacun pour soi.» Visages fermés, traits tirés, ils allongent le pas, aimantés vers la sortie. Comme par réflexe, sans un mot, ils touchent la main de ceux qui entrent, claquent la portière de leur 208, ou se posent dans le bus qui les ramène à Besançon ou en Haute-Saône. «Ras-le-bol !»lance un grand type. Pas aimable, l'équipe du matin ? «Levés à 4 heures, huit heures de boulot dans les pattes, ils n'ont qu'une envie, se casser», explique Othmane, collègue de jour.
Il est 13 h 12. L'heure d'embaucher par un vrai jour d'hiver, à Sochaux PSA. Le parking est gelé, le gris des usi