Ce samedi après-midi, à la supérette Lidl, rue du Chemin-Vert à Paris. Peu d'espace entre les rayons, tant il y a de monde. Difficile d'accéder aux rayons. Les queues se forment aux caisses. Du coup, les discussions vont bon train. Un sexagénaire ventripotent interpelle un jeune homme, devant
lui:
–Profitez-en! Ça ne durera pas. Vous verrez, moi, je pensais comme vous
à votre âge. Vous repirez la santé. Maintenant, j'ai du diabète, et je
souffle fort.
Derrière le monsieur, une dame relance.
–Et vous êtes à la bière tôt le matin?
–Non, pas à la bière.
Sourires.
A l'autre caisse se joue un petit drame. Une adolescente ouvre son
porte-monnaie. Sur le tapis, ses courses: un tube de dentifrice, de l'huile, deux pizzas, des pâtes et du cola... Le nécessaire, à petit prix: sept euros cinquante six. A Lidl, ça coûte moins cher, alors, le samedi, forcément, il y a du monde. La jeune fille dit à la caissière:
–J'ai pas assez. Ma mère m'a donné que ça.
Elle vide le porte-monnaie.
–Enlevez-moi quelque chose, dit-elle à la caissière. Une pizza.
–Les pizzas, je ne peux pas, répond la caissière. Je peux vous enlever
le dentifrice, mais pas les pizzas. Les pizzas, c'est de la nourriture,
une fois que c'est tapé, c'est tapé, on peut pas revenir en arrière.
-Mais j'en ai besoin du dentifrice, relance la jeune fille.
La file s'allonge. Une dame lève les yeux en l'
Perdus de vue
«Mais j'en ai besoin, du dentifrice !»
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(Mathieu Sapin)
par Didier Arnaud
publié le 13 février 2012 à 13h10
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