Menu
Libération
Chronique éconoclaste

Peut-on calculer le coût de la présidence Sarkozy?

Article réservé aux abonnés
Chaque lundi, pendant la campagne présidentielle, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique qui fâche politiquement.
publié le 13 février 2012 à 8h53

A en croire le titre d'un récent ouvrage des journalistes Emmanuel Lévy et Mélanie Delattre, Un quinquennat à 500 milliards, le quinquennat de Nicolas Sarkozy a coûté 500 milliards d'euros à la France. Les auteurs, s'appuyant sur une estimation de la Cour des Comptes (elle-même provenant d'une estimation de la Commission Européenne), arrivent à ce chiffre en considérant que dans les quelque 632 milliards d'accroissement de la dette publique survenus entre fin 2006 et fin 2011, 109 sont imputables à la crise financière, tout le reste étant un déficit «structurel» —c'est-à-dire indépendant de la conjoncture économique. Ils reprochent alors au président sortant de n'avoir pas corrigé le déficit structurel hérité du passé (soit 370 milliards d'endettement public supplémentaire) et de l'avoir au contraire creusé pour 153 milliards. Cette évaluation du «coût de Sarkozy» est depuis régulièrement reprise, avec plus ou moins de précision: la magie du chiffre choc agit toujours ainsi sur les commentateurs. Elle pose pourtant deux problèmes importants.

La première question est celle de la fiabilité du nombre. Comme l'a fait remarquer Henri Sterdyniak (peu suspect de sympathies sarkozystes) sur le blog de l'OFCE, la hausse de l'endettement public français au cours de la période n'a rien d'exceptionnel: 21,4 points de PIB en plus, soit autant que la moyenne européenne, et moins que celle du Royaume-Uni (40 points) ou des Etats-Unis (30 points). Une vingtaine de points de dette s