La campagne aussi a ses pauvres. Tous les mardis matins, à Plélan-Le-Grand (Ille-et-Vilaine), quelques-un d'entre eux se retrouvent sous le toit du centre social –un ancien théâtre de patronage– pour recevoir les colis des Restos du cœur. Légumes, laitages, viande congelée, conserves, produits d'entretien, le tout rassemblé dans des bacs en plastique pour une douzaine de familles de deux à six personnes. On en profite pour partager café et brioches autour d'une table. Ici, c'est peu dire que la présidentielle n'inspire qu'un désintérêt quasi général.
«Tout ça, c'est des conneries, lâche sans ambage Marie, petite femme discrète aux cheveux courts qui vit seule avec sa fille de 8 ans et subsiste de quelques heures de ménage et des minimas sociaux. Comment voulez-vous qu'ils fassent pour donner du travail aux gens? Il y a même des diplômés au chômage. Avec l'euro, on a perdu beaucoup de choses. Tout est beaucoup plus cher. On aurait du garder le franc.» A l'autre bout de la table, Marie-Josèphe, 49 ans, lunettes cerclées de noir, se montre encore plus lapidaire: «C'est nul, nul, nul!, s'exclame t-elle. Depuis des années, on n'a que des promesses et au bout du compte, qu'est-ce qu'il nous reste? Rien du tout. Des pauvres qui paient pour les riches, voilà tout.»
Qu'à celà ne tienne, les deux femmes, qui avaient donné leur bulletin à Ségolè