Il tripote ses gants posés sur le comptoir. En ce lundi matin d'hiver, l'égoutier en tenue de travail s'est arrêté prendre un café au comptoir du Bar Basque, à Toulouse. Il écoute d'une oreille distraite son voisin discourir sur les charges fiscales. Puis, toujours le nez dans son petit noir, il démarre tout seul en marmonnant sur les retraites et «Mélenchon» qui a «tout compris». Le volume monte et le bar finit par devenir, pour lui, comme une salle de meeting. Il suffit parfois de tendre l'oreille… A l'entrée d'un supermarché Ed, dans le Val-d'Oise, fin janvier, les employés discutent de la prestation télévisée de François Fillon face à Martine Aubry. A la pause, ils refont le match Mélenchon-Le Pen. A Carcassonne (Aude), un poseur de portes et volets roulants s'enthousiasme : «Moi, j'adore ça, la politique, et, depuis quinze jours, je me lâche.» Ce trentenaire dit ne forcer personne : «Le sujet vient tout naturellement sur le tapis. Discuter de la campagne en ce moment, c'est comme discuter du froid qu'il fait.»
«Gravité». A la cantine d'entreprise, aux sorties d'école, dans les facs, au café, la campagne présidentielle s'immisce dans les conversations. Les Français sont assoiffés de débat. Et ils n'ont pas attendu, hier, la déclaration officielle de Nicolas Sarkozy, qui jurait, tant qu'il n'était pas candidat, que la campagne n'avait pas encore commencé. D'après l'Ifop, 73% des Français se disent «intéressés par l'a