C'était le jeudi 19 janvier, sur le principal site français du groupe d'électroménager Seb, dans la banlieue de Lyon. Nicolas Sarkozy parcourt les allées de l'usine, passant du fer à repasser sans fil à la friteuse sans huile. L'essaim des journalistes, conseillers et ministres suit comme il peut, accroché aux talons présidentiels. Loin derrière, un monsieur, qui ne ressemble à rien, petite sacoche noire en cuir à la main, traîne. Comme égaré. Un homme de la sécurité du président de la République s'approche de lui. «Vous êtes qui ?» demande-t-il sur un ton sec. «Jean-Michel Goudard», répond le vieil homme. «Qu'est-ce que vous faites là ?» poursuit le cerbère à oreillette. «Je suis conseiller du Président.» Le policier hésite un instant. Et se rend compte de sa méprise. Jean-Michel Goudard savoure son effet. Une fois le policier reparti, il lâchera dans une grande bourrasque : «Quel imbécile !»
Aujourd'hui est le grand jour de Jean-Michel Goudard. Il rend sa copie. Celle du dispositif d'entrée en campagne de son champion. Puis, demain, ce sera la révélation du slogan. Depuis six mois, Goudard y travaille. Il a repris sa place dans le cortège des déplacements présidentiels. Pour prendre l'air de la précampagne. Et regarder évoluer son candidat. «J'ai besoin de le sentir, de le voir bouger», nous confiait-il en octobre, devant la mairie de Nehoux, dans la Creuse.
A 72 ans, cet ancien publicitaire est bien plus que le plus proc