Avant son premier meeting de campagne à Annecy, Nicolas Sarkozy avait choisi de visiter la fromagerie industrielle Brachet. Après un quart d'heure de déambulation, à slalomer entre les rayons d'emmental de Haute-Savoie, un employé l'interpelle : «Ça sent fort ?»«Non, répond Nicolas Sarkozy, ça sent bon. J'aime bien l'odeur du fromage affiné.»
Qu'on se le dise, le chef de l'Etat aime que cela sente «fort». Et il en est manifestement des fromages, comme des campagnes présidentielles. Car hier, lors de son premier discours de candidat, Nicolas Sarkozy a choisi une odeur «forte». Il a lancé un étrange pari : celui de l'amnésie des Français. Faire comme si les stigmates de son quinquennat n'avaient laissé aucune trace dans l'opinion. La soirée du Fouquet's avec tous ses amis patrons, son escapade sur le yacht de Bolloré, la tentation de nommer son fils à la tête de l'Epad… tout cela aurait été oublié et pardonné.
Alors hier, il s'est présenté comme le président du hors système. Celui du peuple contre les élites. «De l'entre-soi des élites politiques, économiques, administratives et syndicales, il ne sort que des compromis boiteux et l'immobilisme, a-t-il asséné. J'y ai beaucoup réfléchi, j'ai pu mesurer pendant cinq ans à quel point les corps intermédiaires font écran entre le peuple et le gouvernement.» Et le voilà en train d'égrainer : «Les syndicats, les partis, les groupes de pression, les experts et les comment