Quel est le brave type qui a eu l’idée de génie de le baptiser «fichier des gens honnêtes» ? Pensez donc, qui pourrait s’opposer à ce que 45 millions de bons Français soient fichés afin de freiner les fraudes aux papiers d’identité ? Mais derrière l’apparence anodine de ce mégarépertoire, les dangers et atteintes aux libertés individuelles sont bien réels. La Cnil, montrant une nouvelle fois sa totale inanité, avait d’ailleurs averti le législateur de l’inutilité et des périls de ce projet. Le dessein de ces obsédés de la fiche est clair et avoué : ce registre servira aussi à la police, qui aura à sa disposition l’ensemble des données biométriques des Français. La traque des «gens malhonnêtes» ne peut justifier pareil recel de données privées quand on connaît les usages faits avec les quelque 80 fichiers recensés en France, sans compter ceux qui ne le sont pas. Leur accès n’est jamais proprement réglementé, ni leur mise à jour assurée, et encore moins leur destruction. Fiché un jour, fiché toujours, comme le montre le Stic, qui confond condamnés, gardés à vue, victimes ou simples témoins et est bourré d’erreurs. Sans compter le risque d’usages privés et rétribués de ces données. Nombre de pays européens, comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, où la «sécurité» est meilleure qu’en France, ont renoncé à ces projets dangereux. A croire que la vraie raison du législateur est avant tout de servir les intérêts des sociétés françaises expertes en flicage biométrique, avec une coûteu
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