Violeur de joggueuses, récidivistes, jeunes délinquants, depuis dix ans, la droite parle beaucoup de «dangerosité» pour justifier sa politique pénale. Ce concept qui a fait irruption dans le code pénal en 2008, s'est révélé bien pratique pour mettre en place, entre autres, la rétention de sûreté. La semaine dernière, François Hollande, a joué la rupture et a annoncé qu'il l'abolirait s'il était élu, tout comme il supprimerait les peines planchers.
En attendant, ce lundi, l'Assemblée nationale fera à nouveau son miel de la «dangerosité». Les députés examinent en deuxième lecture la loi sur l'exécution des peines. Avec ce projet de loi, le gouvernement prévoit de créer 24000 places de prison supplémentaires, dont 7000 pour les courtes peines... mais aussi d'évaluer la «dangerosité» des détenus.
Selon Christine Lazerges, présidente du Club DJS (Droit justice et sécurité) avec lequel elle a publié le Manifeste pour la justice (1), cette loi élargit encore la figure du délinquant dangereux. Professeure de droit pénal à Paris I, elle vient de publier La dangerosité saisie par le droit pénal (2).
Qu'est-ce que la «dangerosité» dont la droite nourrit ses discours depuis dix ans?
C'est une notion qui rompt avec les principes fondamentaux du droit pénal. Le durcissement de la peine n'est plus fonction de la culpabilité d'un homme et de l'infraction qu'il a commise, mais dépend de sa dangerosité