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Libération
EDITORIAL

Autruche

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publié le 22 février 2012 à 0h00

Le spectacle désolant offert par l’Assemblée nationale hier soir a porté au paroxysme le provincialisme français. De droite à gauche de l’hémicycle, chacun s’est complu dans l’hypocrisie et les petits jeux tactiques. Un seul mot d’ordre : ne prendre aucun risque à quelques semaines d’une élection présidentielle. L’occasion semblait pourtant trop belle : les députés débattaient enfin de la crise et des meilleurs moyens d’y faire face avec nos partenaires de l’euro, au moment même où l’Union décide un nouveau plan de soutien à la Grèce en échange d’une cure d’austérité aussi violente et humiliante qu’incertaine.

Quelles règles communes ? Quelle discipline ? Quelles solidarités concrètes face à la puissance déstabilisatrice des marchés ? On avait suffisamment déploré que ce débat ne soit jamais porté devant la représentation nationale pour bouder son plaisir. Certes, chacun se souvient des fautes du président Sarkozy : l’instrumentalisation partisane de la fameuse «règle d’or» budgétaire dans le seul but de piéger le camp d’en face ; et une gestion bonapartiste de la crise pour mieux se draper dans les habits du sauveur national. Mais les partis de gauche étaient-ils pour autant condamnés à la politique de l’autruche ? Les uns ont ergoté (Europe Ecologie-les Verts), les plus nombreux n’ont rien trouvé de plus urgent que de ne pas choisir (le PS) et les troisièmes (les amis de Jean-Luc Mélenchon), ont multiplié les propos vengeurs à l’intention de leurs camarades. Si elle arrivai