Député du Doubs, Pierre Moscovici est le directeur de campagne de François Hollande. Il revient sur l’abstention socialiste, hier à l’Assemblée, lors du vote sur le Mécanisme européen de stabilité (MES).
Pourquoi avez-vous choisi de vous abstenir ?
Par ce vote, nous disons oui à la solidarité et non à l’austérité. Tout d’abord, le MES est indispensable pour stabiliser la zone euro et garantir une aide financière à tout Etat membre en difficulté. Il représente un progrès par rapport au Fonds de solidarité financière, qui avait été bricolé dans l’urgence et l’improvisation. Le MES est plus réactif et ne va pas exiger, pour chaque décision, des jours et des nuits de palabres entre dirigeants. Et il est permanent. Dès lors, il était difficilement concevable que les socialistes disent non au MES.
Pourquoi ne pas l’approuver, alors ?
Il comporte de sérieuses insuffisances. Sur le plan technique, le MES devrait pouvoir disposer du statut d’une banque et par conséquent être financé par la Banque centrale européenne (BCE). Mais l’Allemagne a refusé cette proposition, un temps avancée par la France. Cela limite considérablement sa capacité d’action. Le MES est un pare-feu qui n’a pas encore la taille, la souplesse et la vitesse d’action nécessaires. De plus, tel qu’il est conçu, le MES est lié au traité d’union budgétaire, ou plutôt d’austérité, dont François Hollande a dit qu’il voulait la renégociation. Ce lien, affirmé à la fois dans le traité sur le MES et le traité budgétaire, nous ne pouvons pas l’accepter. En votant le MES sans réserve, nous entrerions dans un