Dans ses «souvenirs» parus ce mois-ci, Jean-Pierre Raffarin se désole que Nicolas Sarkozy soit trop souvent «assommant de vérité» et ne se laisse pas aller «au bonheur d'écouter». Comme Valéry Giscard d'Estaing, il ne saurait pas assez «s'attarder auprès des gens». Tout en saluant une entrée en campagne «réussie», l'ancien Premier ministre ne veut voir dans le positionnement très droitier du candidat qu'une figure obligée des premiers jours.
Nicolas Sarkozy s’apprête à publier un livre personnel. Si un regret devait y figurer, quel serait-il selon vous ?
Le Président a sans doute bridé son affectif. Le poids de la fonction et la crise l'ont enfermé dans un personnage de combattant pressé qui laissait peu de place à la relation personnelle avec les Français. Le livre est un récit à la première personne qui peut retisser ce lien. Son entrée en campagne révèle ce besoin de libérer son affectif. D'ailleurs, la plus belle phrase de son discours de Marseille était : «Aimer la France comme on aime sa famille.»
Vous comparez Sarkozy à Giscard d’Estaing. N’est-ce pas de mauvais augure ?
Tous deux ont fait une promesse d’efficacité et connu une crise en cours de mandat. Mais je vois deux différences. Giscard se trouvait dans un climat de division de la majorité avec la candidature de Jacques Chirac en 1981. Et il n’a pas réussi son entrée en campagne. En quatre jours - déclaration de candidature, visite à Annecy, inauguration du siège, discours de Marseille -, Sarkozy a bouleversé la donne. Rien n’est acquis, mais il est entré en campagne avec un ton différent et une approche de candidat à part entière.
Dans les sondages, Sarkozy reste pourtant largement distancé par Hollande au second tour…
Sarkozy est là, da