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TRIBUNE

Charles Murray : l’inspirateur américain de Nicolas Sarkozy ?

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publié le 24 février 2012 à 0h00

La sortie sur les écrans cette semaine d'un portrait pour le moins tendre de Margareth Thatcher, alors même qu'un conservatisme musclé crispé sur les «valeurs» s'épanouit de part et d'autre de l'Atlantique, invite à se souvenir de celui qui fut l'un des grands inspirateurs du thatchérisme et qui est peut-être celui du président français aujourd'hui : le politiste Charles Murray, qui signe son grand retour dans le débat public américain avec la parution en ce début d'année de son nouveau livre Coming Apart : The State of White America, 1960-2010 (1).

Le penseur issu de la nouvelle droite américaine, proche des milieux néoconservateurs, y poursuit ce qui fit sa notoriété polémique depuis les années 1980, une stigmatisation des classes populaires dont le comportement menacerait l'esprit civique national : elles n'ont à ses yeux ni l'éthique du travail, ni l'honnêteté, ni la religiosité qui font les bons citoyens. Alors qu'ils n'ont pas «l'excuse d'être immigrés», ces pauvres du cru développent selon lui une «culture de l'assistanat» dont il ne cesse depuis trente ans de dénoncer les périls. Son premier livre, Losing Ground : American Social Policy, 1950-1980, paru en 1984, est une charge contre l'Etat providence hérité des années 1960 et la dénonciation acerbe des gouvernements qui, en développant l'aide sociale, ont provoqué la déchéance morale des pauvres. L'«assistanat» est un cancer qui ronge les valeurs nationales, soutient-il bien avant