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Libération
TRIBUNE

Vers une société d’atomes

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publié le 24 février 2012 à 0h00

La proposition de Nicolas Sarkozy d’aller vers un usage plus fréquent du référendum n’est pas un épiphénomène mais l’un des symptômes de l’évolution de notre vie politique vers une «société d’atomes». En 2007, Ségolène Royal prône la démocratie participative. En 2009, Daniel Cohn-Bendit propose que l’attelage Europe Ecologie - les Verts soit une coopérative dont les participants s’engagent au cas par cas. En 2011, le PS désigne son candidat à la présidentielle par un vote ouvert à tous les électeurs. En surface, ce sont les signes du passage de la démocratie représentative à une démocratie semi-directe. En profondeur, ce sont des tentatives d’adaptation du personnel politique au délitement des corps intermédiaires. Jean-Marie Le Pen au second tour de 2002 et la stabilisation de son héritière à un seuil d’un électeur sur cinq doivent plus à leur posture anti-elites qu’à un vote d’adhésion. La victoire du non au référendum européen de 2005 eut lieu alors que les corps intermédiaires plaidaient pour le oui. En 2010, le baromètre du Cevipof révèle des chiffres édifiants : 76% des Français n’ont pas confiance dans les partis politiques, 72% dans les médias, 52% dans les syndicats.

Les progrès techniques des Trente Glorieuses, en accroissant le niveau de confort, ont réduit les solidarités. La notion de devoir, régulatrice de l'individualisme, a disparu faute de cause commune pouvant les justifier. Notre modèle de développement supposant une société de consommation en croissance a