On marche sur les pas de Nicolas Sarkozy en banlieue, à la cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). C'est ici, en juin 2005, que le ministre de l'Intérieur et candidat potentiel à l'Elysée avait promis de «nettoyer au Kärcher» ce quartier après la mort d'un petit garçon victime d'une balle perdue lors d'un échange de tirs entre clans rivaux. Agé de 11 ans, Sid-Ahmed s'était écroulé alors qu'il lavait la voiture de ses parents au pied de la barre Balzac. Depuis, le bâtiment a été rasé.
En attendant la reconstruction de petits immeubles prévus dans le programme de rénovation urbaine, il n'y a plus qu'un tas de gravats derrière des barrières de chantier. Le lancement de la démolition, en juillet 2011, était intervenu dans un climat de tension avec les trafiquants de drogue, qui craignaient de perdre le contrôle de leur territoire. Les immeubles sont tombés, pas les dealers. Dans cette cité comme dans bien d'autres, guetteurs et revendeurs font partie du paysage. Lors de sa venue, Nicolas Sarkozy avait annoncé : «Les voyous vont disparaître, je mettrai les moyens qu'il faut.»
Au pied d'une tour, Rachid (son prénom a été changé), la cinquantaine, arrivé à La Courneuve dans les années 60, baisse la voix et jette de toutes parts des coups d'œil prudents lorsqu'il évoque les trafics. «Ici, ces dernières années, il y a eu 7 morts dans des règlements de compte» entre dealers. Il dit que les revendeurs «tiennent les halls jusqu'à 2 heures du matin