Alain, 60 ans, tient une pharmacie à Parc Kallisté, copropriété délabrée des quartiers Nord de Marseille, où Libération tient chronique le temps de la présidentielle (1). Des marchands de sommeil y ont racheté une partie des appartements, où s'entassent parfois plusieurs familles qui n'ont pu trouver de HLM. Alain a racheté la pharmacie il y a quelques années. La banlieue, grande oubliée de la campagne présidentielle ? «J'espère que vous n'êtes pas surpris, dit-il. Les politiciens, ici, ça fait longtemps qu'on n'attend plus rien d'eux.» Il montre le quartier. «J'ai l'impression d'être au trou du cul du monde. C'est plus que délaissé, vous ne pouvez pas imaginer. On ne voit plus jamais passer de policiers en uniforme. Ils ne viennent que pour des opérations spectaculaires qui donnent l'impression d'être en guerre. Pour les politiques, c'est pareil, on ne les voit pas, sauf avant l'élection. On a pris l'habitude de se débrouiller entre nous. Ils nous oublient et c'est réciproque.»
Lorsqu'il est arrivé à Kallisté, le parking et le trottoir du petit centre commercial étaient défoncés. Il a demandé s'il était possible de les refaire, a compris qu'il faudrait beaucoup trop de temps, d'énergie et a préféré investir lui-même 35 000 euros dans l'enrobé. Il a tenté d'entraîner les autres commerçants dans des actions collectives, «mais c'est chacun pour sa pomme. Je ne sais pas si les gens sont assistés ou infantilisés, mais, de toute façon, la p