Laurent Joffrin, directeur de Libération de novembre 2006 à février 2011 et aujourd'hui directeur du Nouvel Observateur, répond à l'interpellation de Jean Quatremer, qui explique dans son livreavoir été empêché d'enquêter sur l'affaire Piroska Nagy. Cette économiste hongroise eut en 2008 une liaison avec DSK - alors patron du Fonds monétaire international -, laquelle donna lieu au FMI à une enquête interne pour harcèlement.
«Sommes-nous coupables ? Suis-je coupable pour avoir refusé qu’on enquête sur la vie privée de Dominique Strauss-Kahn ? Oui, sans doute un peu. Il eût fallu, si l’on avait eu des éléments sérieux laissant supposer un comportement illégal, les porter à la connaissance du public. Mais avant de s’en expliquer, il faut dire avec force que nous ne sommes certainement pas coupables pour les raisons que l’on entend le plus souvent. La règle du respect de la vie privée, dit-on parfois, est hypocrite, nuisible, dépassée : il faut s’en affranchir. Funeste simplisme… Ceux qui demandent l’abolition de ce principe seraient les premiers à en réclamer le rétablissement si d’aventure on s’ingérait dans leur vie privée. Pour une raison évidente : le droit à l’intimité familiale, à la discrétion sur sa vie sexuelle ou affective, au secret sur tel ou tel aspect de son comportement privé, fait partie des droits élémentaires de la personne. Les intrusions de la presse dans ce territoire protégé ne peuvent ressortir que du régime de l’exception. Pour entrer da