La proposition faite lundi soir par François Hollande de taxer à hauteur de 75% la part des revenus dépassant un million d’euros par an ne contribuera que modestement à la révolution fiscale dont ce pays a besoin pour réconcilier l’impôt et l’esprit de justice. Avec son impôt Fouquet’s, le candidat socialiste cherche plus à enfermer son principal adversaire dans le corner du président des riches qu’à faire entrer des recettes dans les caisses du Trésor public. Il est amusant de voir comment les amis du chef de l’Etat ont plongé à pieds joints dans le piège hollandais en criant hier au retour de Karl Marx ! Ou en accusant François Hollande, comme l’a fait le député centriste Charles de Courson, d’avoir «fumé la moquette». Rappelons juste qu’une telle taxe a existé aux Etats-Unis jusque dans les années 80, sans transformer pour autant le pays du capitalisme roi en paradis communiste.
Et qui, à longueur de discours depuis 2008, a dénoncé l’indécence des très, très hauts revenus, notamment des grands patrons, sinon Nicolas Sarkozy ? Revenus qui, en 2010, n’ont, pour certains dirigeants des plus grandes entreprises, pas franchement connu la crise.
La taxe hollandaise n’est pas que symbolique. Elle jette une lumière crue sur une dérive entamée dans les années 2000, mais que la tourmente économique et sociale n’a pas stoppée : l’explosion des revenus des Français les plus aisés. Pas les riches, pas les super riches, mais les hyper riches, pour qui aucune «valeur travail» ne peut de