Comme à ses origines au début des années 70, le Front national version Marine Le Pen est aux prises avec une contradiction majeure. D'un côté, la formation frontiste rejette le système ; de l'autre, elle cherche à s'y adapter pour élargir son audience électorale et conquérir le pouvoir. La tension permanente entre ces deux logiques est au cœur du Front national : à la conquête du pouvoir ?, l'ouvrage d'Alexandre Dézé, maître de conférences en sciences politiques à l'université de Montpellier I.
Le chercheur propose une approche avant tout analytique qui éclaire les limites de l’entreprise actuelle de «dédiabolisation» à l’aune de l’histoire mouvementée du parti. Il s’intéresse aussi de manière éclairante à l’évolution de l’iconographie et des affiches du FN. Depuis sa création par le groupuscule Ordre nouveau jusqu’au récent duel entre Bruno Gollnisch et Marine Le Pen, le parti est tiraillé entre sa volonté de fédérer les chapelles les plus radicales de l’extrême droite et celle d’une «normalisation». Son isolement est sa marque. Mais il est aussi sa grande faiblesse. Ce n’est qu’au prix de crises, de départs incessants de ses cadres, voire de scissions (comme Bruno Mégret en 1998) que le FN oscille entre ces options. Voilà pourquoi il ne parvient jamais à nouer d’accords nationaux avec les formations de droite et n’a pas souhaité opérer sa mue pour participer à un gouvernement comme son cousin italien du MSI.
En dépit de son installation dans le paysage politique, le