Menu
Libération
chroniQUE APHORISME

Quand Bayrou fait péter le déconnomètre

Article réservé aux abonnés
Chaque vendredi, Edouard Launet analyse un aphorisme politique. Aujourd'hui: le candidat du Modem à la recherche de la bonne formule pour contrer l'idée d'une imposition à 75% défendue par Hollande...
publié le 2 mars 2012 à 12h10

Aphorisme, subs. masc. Proposition résumant à l'aide de mots peu nombreux, mais significatifs et faciles à mémoriser, l'essentiel d'une théorie, d'une doctrine, d'une question scientifique.

«Le déconnomètre fonctionne à plein tube». Petite phrase polie à la main par François Bayrou, artiste de la communication. Celui que sa copine Marielle de Sarnez surnomme désormais «Dumbo la déconne» réagissait ainsi, mardi, à la proposition de François Hollande de taxer à 75% la part des revenus annuels excédant 1 million d'euros. Certes, 75% c'est beaucoup, mais 83 000 euros par mois, c'est pas mal non plus : environ 60 fois le Smic. Cependant, nous ne traiterons pas ici de justice fiscale ni de redistribution, mais de science.

Le déconnomètre (ou déconomètre) est un instrument de mesure extrêmement sensible quoique tout à fait imprécis. En effet, les évaluations qu'il fournit dépendent bien plus de celui qui le manie que du discours à analyser. L'appareil ressemble de loin à un chargeur de batteries: deux électrodes à brancher sur le déconneur, et un boîtier avec un écran rond dans lequel une aiguille peut aller de 0 à 100. L'engin doit être étalonné avant chaque mesure, manœuvre que l'on fait généralement en branchant les deux électrodes sur les oreilles de François Bayrou: l'aiguille doit alors se positionner précisément sur la graduation 100. Qui que soit le sujet à évaluer, si l'aiguille reste sur le zéro, c'est que l'appareil n'est pas branché, ou