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Libération
Perdus de vue

«Pour être pleinement citoyen, il faut un logement, un travail»

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Pendant la campagne présidentielle, Libération se penche sur l'armée des invisibles, ceux qui se sentent oubliés par la politique. Aujourd'hui, les bénéficiaires du Secours populaire d'Orléans.
(Illustration Mathieu Sapin)
publié le 5 mars 2012 à 13h15

Antenne du Secours populaire, centre ville d'Orléans, permanence du vendredi après-midi. Dès l'ouverture des portes, ils sont plusieurs dizaines à se presser devant le comptoir alimentaire et dans les rayons habillement. «Ils me parlent plus souvent religion que politique», prévient Jean-François, le responsable des lieux. «Ils sont confrontés à de tels trucs, qu'ils sont souvent en dehors de la chose politique.»

Kévin, 22 ans, vient ici pour la première fois. Il est accompagné par Lorine, sa jeune demi-sœur «qui vient d'être mise à la porte du domicile familial». Kévin essaye de suivre la campagne alors qu'il ne possède «ni radio, ni télévision». Lorine dit ne pas s'intéresser du tout à la politique. «A la dernière présidentielle, Sarkozy avait promis plein de bonnes choses, mais je n'ai pas vu beaucoup de changements», analyse Kévin. «Sur les fiches de paie, seuls les centimes ont bougé. Je ne suis pas trop content qu'il soit de nouveau candidat. Moi, je préférais Chirac.»

Israël, 71 ans, est un habitué du Secours populaire. Cet ancien professeur de lettres qui a tout plaqué pour devenir maçon sur des chantiers africains se dit anarchiste. Mais il a toujours voté. «Le soir, quand je vois Sarkozy, je m'engueule tout seul avec mon poste de télé!», assure-t-il en dénonçant «un système basé sur le fric». «On ne pourra pas continuer à laisser le fric tout gouverner.» Il aimerait parler polit