La proposition annoncée par François Hollande dans son programme présidentiel, consistant à imposer une tranche d'imposition à 75% pour les revenus supérieurs à un million d'euros annuels, a suscité l'émoi dans le milieu sportif. Christophe Jallet, défenseur du PSG, plusieurs présidents de clubs et le ministre des Sports David Douillet considèrent que cette mesure sera inefficace et injuste. Inefficace, parce qu'elle n'aura pour effet que d'encourager les joueurs de Ligue 1 à aller exercer leurs talents à l'étranger. Injuste, parce qu'elle toucherait des personnes méritantes; comme l'a fait remarquer Jallet, il n'a «braqué personne» pour être payé comme il l'est. Si sa rémunération est le prix de son talent et du plaisir qu'il apporte aux spectateurs du football, pourquoi devrait-il subir un taux d'imposition aussi confiscatoire? Les partisans de cette taxe, de leur côté, y voient un symbole, l'occasion de rappeler que certaines rémunérations excessives sont socialement inacceptables.
L'«effet superstar»
Dans nos sociétés méritocratiques, on ne comprend pas pourquoi des rémunérations élevées provenant de paiements volontaires devraient être inacceptables. Le philosophe Robert Nozick avait exprimé cette idée dans son ouvrage Anarchie, Etat et Utopie. Supposons qu'un sportif de haut niveau indique qu'il ne jouera pas pour moins d'un million d'euros, et que 10 millions de personnes considèrent que 10 centimes sont un prix acceptable pour le voir jouer: pourquoi considérer cette ré