Menu
Libération
EDITORIAL

Double faute

Article réservé aux abonnés
publié le 6 mars 2012 à 0h00

C'est une pièce importante que livre aujourd'hui Libération. Des chiffres précis, irréfutables, obtenus à partir des documents budgétaires officiels de la France et validés par les meilleurs experts. La question était simple : qui a profité des 84 milliards d'euros redistribués au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy ? Nul ne peut plus désormais parler d'invective partisane tant les ordres de grandeur sont flagrants : le Président fut avant tout celui des entreprises (60%) et des ménages les plus aisés (22%). Cette image du «président des riches» qui lui colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock, ne peut plus passer pour une idée reçue. Il ne suffira pas d'opposer les quelques réussites incontestables - le Grand emprunt ou le crédit impôt recherche - pour dissimuler la double faute du quinquennat : à l'inéquité des choix politiques en matière de fiscalité, par exemple, s'est ajoutée l'erreur économique. Au moment même où la France basculait dans la crise la plus violente depuis les années 30, l'Etat a manqué cruellement de ressources et de capacité de réaction. Mais le plus grave en ces temps mauvais, c'est que le Président a sérieusement abîmé l'idée même de réforme. Ce ne sera pas le moindre des défis à relever en cas d'alternance. Il ne faut pas s'y tromper : la France a davantage besoin de la vision, de l'obstination et du courage qui furent la marque de fabrique de Mendès France dans les années 50 que des anachronismes économiques du Mitterrand