Menu
Libération
Reportage

«Mes petits-enfants viennent chez moi car c'est chauffé»

Article réservé aux abonnés
A l'occasion de la visite de Martine Aubry à Denain, dans le Nord, rencontre avec des habitants de ce bastion de la gauche.
Denain, le 7 mars 2012. Martine Aubry et les habitants du Faubourg Duchâteau. (Photo Sébastien Calvet)
publié le 8 mars 2012 à 11h46

«Je prie pour qu'on ait un bon gouvernement et qu'on redevienne des hommes dans leurs yeux, pas toujours des rabaissés.» Louise a le regard bleu des vieilles personnes, nimbé de gouttelettes d'eau. Mais la tristesse et la résignation, ce n'est pas le genre de la toute petite dame qui sirote un verre de mousseux sous les néons d'une salle de quartier à Denain, dans le Nord. Avec sa voisine, Simone, elles attendent de serrer la main de la maire socialiste, Anne-Lise Dufour, et de Martine Aubry, venue faire campagne pour François Hollande dans ce bastion de gauche.

Denain-la-rouge, ancienne ville minière à treize kilomètres de Valenciennes, a été dirigée pendant quarante ans par les communistes avant de virer socialiste en 2002. En 2007, Ségolène Royal y a remporté près de 60% des suffrages et Jean-Marie Le Pen a fait un poil moins que la moyenne du FN en France.

Avant d'être emporté par un cancer au printemps dernier, le député-maire Patrick Roy avait réussi à faire passer sa ville à la postérité à l'Assemblée nationale. Chaque fois qu'un ministre du Travail était annoncé au micro, il rajoutait bruyamment un codicille à sa fonction: «ministre du Travail ET du chômage!», criait l'homme à la veste rouge sous le regard amusé de ses condisciples. Car Denain, c'est 36% de chômeurs (47% parmi les ouvriers), deux tiers du parc immobilier qui date d'avant 1948, un tiers des habitants qui ont moins de moins de 20 ans. C'est aussi un traumatisme industriel, la fermeture